Les défaitistes de l'amourologie moderne rétorqueront avec Gary Becker (A theory of Marriage) que le marché matrimonial bénéficie aux mieux dotés, sexys, intelligents, etc, mais il me semble c'est vraiment prendre les gens pour des cons et ne pas respecter que l'amour, l'affect, le désir ou l'intérêt que chacun peut porter à un autre lui est propre et intime. Les figures admirées ne sont que des icônes et projections d'un idéal collectif qui n'est pas forcément celui de chacun. Les canons de beauté d'une société sont là pour être regardés, voir imités, pour établir un parton normatif et ce n'est pas pour autant que les moches voient leur femme ou leur mari comme un pis-aller !
Mais les goûts et les couleurs sont indéniablement propres,
Il est totalement erroné de regarder le marché de l'affect comme un marché économique, avec des lois, des règles, des boutons sur lesquels ont appuiera, ou une théorie des choix (Eva Ilouz - Pourquoi l'amour fait mal) totalement ahurie dans le contexte de l'émotion, qui tire justement sa puissance de l'intuition, de l'écoute de soi, processus désintellectualisé ou qui doit s'efforcer de l'être !
La soi-disant compétition n'est en réalité que le fait de quelques étudiants frénétiques, et les luttes pour le même mâle ne font que rarement la une des journaux.
Si je suis foncièrement honnête avec moi-même, et avec mon ami, ma voisine, je ne suis pas attirée par les mêmes profils. Ce regard, ce geste, cette position de la tête évoque en moi une faiblesse, un pincement intérieur qui pique ma curiosité et me pousse à le rencontrer.
Mais voilà : il s'agit de se détacher du troupeau et écouter ses propres vibes, son propre ressenti.
Il n'est jamais pareil que celui du voisin. Aussi sexy que soit la cible.
Et heureusement !


Ils en parlent :

Pourquoi l'amour fait mal - Eva Ilouz
La crème de la crème - film